Je
ne suis pas quelqu'un qui agis sur un coup de tête. Avant de prendre
une décision je pèse longuement le pour et le contre (trop, vous
diront certains, et ils n'ont probablement pas tord :-) ), mais cela
me permet d'étudier les différentes possibilités qui s'offrent à
moi et la meilleure façon de mettre en œuvre ce à quoi je
réfléchi.
C'est
ce qui c'est passé avec le végétarisme. J'ai beaucoup étudié la
question, j'ai lu des livres, des articles, consulté les données
scientifiques à ma portée, pesé le pour et le contre pendant
environ trois mois avant de me lancer dans cette nouvelle aventure...
Je
voudrais aujourd'hui partager les informations que j'ai apprises avec
celles et ceux que ça intéresserait, pour les aider à se rendre
compte de ce qu'est le végéta*isme (1)
et pourquoi pas l'envisager !
Je
réalise donc un grand dossier sur le sujet, et voici le premier
article, où je vais tenter de vous expliquer toutes les bonnes
raisons qu'on peut trouver pour devenir végéta*ien :
1)
Avantages écologiques
(Source : Bloom)
Commençons
par le poisson. De nombreuses espèces (80% des poissons selon
Greenpeace) souffrent de la sur-pêche, à tel point que certaines
espèces sauvages, trop pêchées sont au bord de l'extinction : thon
rouge, anguille, cabillaud, flétan, empereur, grenadier, julienne,
sébaste, merlu, saumon de l'Atlantique, raie, sabre, turbot, sole...
La pêche d'espèce profonde en particulier se fait par chalutage en
raclant le fond des océans, dévastant tout le fond marin et
attrapant sans distinction de nombreuses espèces. Si vous pensez
régler le problème en ne consommant que du poisson d'élevage
malheureusement ce n'est pas mieux d'un point de vue environnemental
car le poisson aussi est élevé sur un mode intensif. Sachez
notamment que de nombreux poissons d'élevages sont nourris de farine
animale (oui oui, vous vous souvenez, le truc qui a produit la crise
de la vache folle, apparemment ça n'a pas servi de leçon...). (2)
20% des vaches françaises 80% des vaches françaises
(sources images : Pixabay (à droite) et L214 (à gauche))
Concernant
la viande, il faut d'abord savoir qu'en France, selon les espèces,
80 à 99% des animaux d'élevages sont élevés sur un mode intensif.
C'est à dire que ces animaux ont peu (voir pas) accès à
l'extérieur. Ils mangent dans 75% des cas des aliments issus de
cultures intensives tel que du maïs et du soja OGM provenant
d'Amérique du Nord et du Sud. Dans le dernier cas ces céréales
sont cultivés sur des terres issues de la déforestation. Sur place
certaines exploitations font jusqu'à 50 000 hectares (soit 5 fois la
surface de Paris) en monoculture de soja. La plupart est OGM pour
résister aux doses massives de pesticides répandus pour tuer
mauvaises herbes et insectes. (3)
Images prises par L214 dans des élevages français (Haute Savoie et fournisseur oeufs Super U)
L'élevage
d'animaux pour la consommation humaine produit également énormément
de gaz à effet de serre. Entre les méthodes de culture de leur
nourriture, sa récolte puis son transport, le gaz produit par les
animaux eux mêmes, puis par leur transport jusqu'à l'abattoir, et
enfin de l'abattoir au supermarché on arrive à une addition plutôt
salée. En effet 8% du total des gaz à effet de serre de la planète
sont produits par l'élevage des seuls bovins... Ça veut dire que, sans
même parler d'arrêter complétement de manger de la viande, si tout
le monde divisait par 2 sa consommation des produits bovins on
diminuerait la totalité des émissions de gaz à effet de serre de
la planète de 4% ! (4)
En
terme de consommation d'eau l'élevage est une catastrophe. En effet,
il faut arroser les céréales qui servent à nourrir les animaux
d 'élevage, en plus de l'eau consommé par l'animal lui même.
J'ai appris lors de mes recherches que quand on mange 150g de steak
de bœuf, provenant de l'élevage intensif et nourri au mais irrigué
(viande lambda de supermarché, de restauration collective et de
fast-food) on consomme indirectement 10 fois plus d'eau que la
consommation moyenne d'une famille sur une journée pour TOUS les
usages domestiques (consommation directe, cuisson, vaisselle, douche,
chasse d'eau...).(5)
Ce
que beaucoup de gens ignorent (et moi la première, avant de me
renseigner sur le sujet) c'est que les animaux ne produisent pas de
protéines : ils les mangent ! Les animaux absorbent les protéines
fabriquées par les végétaux (qui les produisent à partir de
l'azote venant du sol et du carbone venant de l'air). Du coup, quand
on mange de la viande pour avoir un apport en protéines, on consomme
en réalité celles que les animaux ont mangé. Or, les animaux ont
un rendement assez mauvais en protéines :
-Il
faut 2kg de protéines végétales pour produire 1kg de protéines
via les volailles
-Il
faut 10 à 15kg (!!!) de protéines végétales pour produire 1kg de
protéines via les bovins et ovins.
Pour
le porc c'est entre les deux, mais plutôt dans la moyenne
supérieure.
Donc
en terme de rendement par année pour un hectare ça nous fait :
-50kg
de protéines animales sous forme de viande
ou
-200kg
de protéines animales sous forme de lait
ou
-600
à 700kg de protéines légumineuses ou céréales (ou 1000kg de
protéines de soja)
On
voit donc que les céréales et légumineuses sont beaucoup plus
économiques en ressources. (6)
2)
Santé
Tout
d'abord il faut savoir que la viande et le lait ont perdu en qualité
au fil des années car la majorité de ces produits que nous
consommons aujourd'hui provient des animaux d'élevage intensif. Ils
consomment principalement des céréales tel que le maïs et le soja
OGM, et non de l'herbe comme c'était auparavant le cas. Cette viande
est donc moins bonne pour la santé, car moins riche en omégas 3.
Sans parler du fait qu'on ne sache pas réellement ce qu'il advient
des OGM consommés par l'animal : parviennent-ils jusqu'à nous quand
nous consommons des produits d'animaux nourris aux OGM ? Sachant que
90% du lait français est produit par des vaches qui consomment du
soja provenant d'Amérique, la question se pose sérieusement. Aucun
étiquetage sur le lait ou la viande ne permet de savoir comment sont
nourris les vaches. (7)
De
plus, les protéines animales sont acidifiantes pour l'organisme, et
favorisent donc l'ostéoporose, contrairement aux protéines
végétales, car une alimentation à dominante végétale à des
propriétés alcalinisantes. Pour simplifier, quand on mange des
produits animaux (viandes, poissons, fruits de mer, oeufs et
laitages), on acidifie notre organisme. Pour rétablir l'équilibre
acido-basique, l'organisme a besoin d'un élément alcalinisant (ou
basique). Il « prélève » donc le calcium présent sur
les os. C'est ainsi que consommer des produits laitiers pour le
calcium qu'ils contiennent afin de lutter contre l'ostéoporose est
en fait une mauvaise idée ! (8)
Le
lait animal est un aliment qui n'est pas destiné à l'homme. Nous
sommes les seuls êtres vivants sur terre à consommer le lait d'une
autre espèce et cela ne nous fait pas vraiment du bien ! En effet le
lait de vache est destiné au veau, il contient donc des hormones
destiné à celui ci, dont des hormones de croissance. Ceux-ci sont
mis en cause dans certaines études comme favorisant l'apparition de
cancers, ainsi que de nombreuses autres maladies (9). De plus la plupart des humains adultes ne produisent
plus de lactases, les enzymes qui permettent de digérer le lait, ce
qui provoque divers troubles tels que des problèmes digestifs,
cutanés, articulaires ou respiratoires. A titre personnel je peux
témoigner que depuis que j'ai quasiment arrêté la consommation des
produits laitiers (alors que mon allergologue m'avait testé et que
j'étais négative pour cette allergie) mon eczéma et mon acné
tardive (apparue vers 18 ans) à quasiment disparue, mes rhinites
allergiques aussi (fini le nez qui coule comme une fontaine, les
éternuements et les yeux qui piquent au printemps) et mon asthme va
mieux.
La
viande aussi (en particulier la viande rouge) est fréquemment
accusée d'augmenter les risques de cancer et les maladies
cardio-vasculaires. (10)
Enfin,
concernant le poisson le principal problème est la
pollution aux métaux lourds. La pollution marine passe dans les
poissons et plus les poissons sont gros (saumon, thon...) plus ils
sont « chargés » en métaux lourds car ils absorbent
ceux contenus dans les petits poissons qu'ils mangent. (11)
Enfin
les végétaux (mangés en plus grandes quantités et surtout avec
plus de variété si on retire les éléments animaux de notre
alimentation) contiennent de nombreux nutriments favorables non
contenus dans les produits animaux : vitamines, antioxydants, fibres,
sucres lents, bonnes graisses... Peur des carences ? Je vous invite à
lire mon article à venir sur le sujet !
3)
Ethique
Si
votre soucis, c'est plutôt l'éthique humaine, sachez que le
végétalisme et le veganisme pourraient lutter contre la faim dans
le monde, selon un rapport de 2011 de l'ONU. Pour plus d'infos
concernant ce sujet je vous invite à lire l'article très complet
d'Ophélie, du blog Antigone XXI (12)
Je
vous passe dans mon article les vidéos d'animaux dans des
abattoirs... mais vous vous doutez bien de ce qui s'y passe, non ?
Les animaux aussi, vous savez... Souvent ils refusent de sortir du
camion (alors qu'ils avaient refusé d'y monter) car ils sentent la
peur et la mort. Sans parler des « anesthésies » (on les
assomme ou les électrocute) qui ne marchent pas toujours
correctement. En France, dans des conditions parfois déplorables
(pour le bien être animal, bien moins contrôlé que l'hygiène)
environ 1 000 000 000 d'animaux sont abattus chaque années : 917 000
000 de volailles, 25 000 000 de porcs, 5 000 000 de bovins. (13)
Outre
le fait de les tuer, la vie des animaux d'élevage avant ça n'est
pas rose. Conçu à l'origine pour pallier aux manques de
l'après-guerre, les élevages intensifs sont devenus la norme, comme
je le disais plus haut. Les animaux sont enfermés, souvent les uns
sur les autres, dans des conditions déplorables comme vous l'avez vu plus haut sur les quelques photos.
Je
ne vais pas ici mettre en lien une des nombreuses vidéos qui
existent sur internet et montrent les conditions d'élevage et
d'abattage des animaux, parce que je ne souhaite pas vous faire
fuir, mais quelques infos (illustrées) quand même :
-Saviez
vous que les poules pondeuses ne sont pas les mêmes que les poules à
viandes ? Voilà pourquoi les poussins mâles des élevages de
pondeuses sont inutiles, ils ne valent pas le coup d'être nourris
jusqu'à l'âge adulte car ils ne rapporteraient rien à la vente.
Ainsi, le premier ou deuxième jour de leur vie, les poussins passent
sur d'immense tapis roulant où des ouvriers les trient en fonction
de leur sexe. Les poussins mâles sont alors broyés vivants ou
étouffés. C'est valable pour la plupart des élevages bios ou en pleins
airs également.
Tapis menant les poussins mâles au broyeur (Source : L214)
-Malgré
le fait qu'elles ne soient pas « conçues » pour ça, les poules
pondeuses finissent par être « réformées » car elles
pondent moins d'œufs au bout de quelques temps (1 an, voir 2, en
général, alors que la poule peut vivre 8 ans) et finissent donc à
l'abattoir dans des conditions assez ignobles. (je vous conseille
VRAIMENT de lire le très bel article de Ophélie du blog Antigone
XXI à ce sujet (14))
-Les
poules et poulets d'élevages sont tellement entassés que ça les
rends très agressifs envers leurs semblables. C'est pourquoi dès
la naissance on pratique sur les poussins l'épointage ou débecquage,
c'est à dire qu'on coupe le bout du bec avec une lame chauffée à
blanc, et sans anesthésie, bien sûr. Cela évite que les poules
adultes ne se blessent, ne se crèvent les yeux voire ne s'entretuent.
En effet, les volailles, qui sont en liberté bénéficient
normalement d'une alimentation variée comprenant de l'herbe et des
insectes en plus des graines. Or en batterie elles manquent de
certains nutriments et en arrivent à pratiquer le cannibalisme. Mais
l'épointage crée aux oiseaux des difficultés pour manger, ainsi
qu'une vulnérabilité importante car le bec est donc ouvert en
permanence au bout, laissant entrer poussières et bactéries.
Malheureusement, s'il est moins systématique, ce genre de pratique
existe aussi en élevage de plein air et bio, car il y est autorisé.
(15)
On voit que cette poule a été débecquée, la partie
du haut de son bec est manquante (Source : L214)
-J'ai
habité longtemps en Basse-Normandie, entourée de champs remplis de
vaches alors j'ai ignoré la vérité pendant presque ¼ de siècle :
En France, selon les espèces, 80 à 99% des animaux d'élevages sont
élevés sur un mode d'élevage intensif, et par exemple 95% des
porcs ne voient pas l'extérieur de toute leur vie (vie qui dure par
ailleurs 6 à 8 mois en élevage, alors que les porcs ont une durée
de vie de 15 ans) Forcément car aujourd'hui nous produisons 100 fois
plus de viande dans le monde que dans les années 50, donc les
conditions se dégradent immanquablement.
-Les
vaches à lait peuvent passer pour plus chanceuses que leurs cousines
à viande. Pourtant pour produire du lait une vache doit avoir eu
récemment un veau. C'est pourquoi on les maintient dans un cycle
constant de gestation et de lactation extrêmement mauvais pour leur
santé. Ainsi, au bout d'environ 5 ans (pour rappel une vache
laitière a une espérance de vie de 20 ans) les vaches sont
« réformées », c'est à dire qu'on les envoie à
l'abattoir car elles ne produisent plus assez de lait. Paradoxalement
les vaches à lait sont d'ailleurs plus présentes dans notre
alimentation que les vaches à viandes, ce sont elles que l'on trouve
le plus souvent en supermarché et en restauration rapide. S'ajoute à ça bien sûr le fait que, pour que leur rendement soit au maximum, on leur retire leurs veaux dès leurs naissance pour éviter qu'ils ne boivent le lait. Les mâles sont élevés dans des boxes minuscules et abattus entre 3 et 8 mois pour la viande de veau, tandis que les femelles (élevées dans les mêmes boxes) subiront plus tard le même sort que leurs mères. (16)
Des veaux élevés en cages, séparés de la vache dès la naissance et bientôt abattus
(Source L214)
Voilà
je m'arrête là, j'ai essayé d'être "soft" dans le choix des mots et des images, pas trop culpabilisante en restant réaliste alors j'espère que ce pavé pourra vous faire
réfléchir au végéta*isme, ou au moins à diminuer votre
consommation de produits animaux, ce qui est déjà, je le souligne,
un grand pas !
Si
vous souhaitez aller plus loin je vous laisse visiter le reste de mon
dossier sur le sujet dès qu'il sera paru !
NOTES
:
1.
Le terme « végéta*isme » est utilisé pour parler à la
fois du végétarisme et du végétalisme.
RAPPEL :
Un végétarien ne mange pas de chair animale : ni viande, ni poisson
ou crustacés. Je précise car beaucoup de gens pensent que les
végétariens ne mangent simplement pas de viande, et certaines
personnes se disent mêmes végétariens alors qu'ils mangent encore
du poisson.
Un
végétalien ne mange aucun produit d'origine animale donc pas de
viande, ni poisson, ni crustacés, ni produits laitiers, ni œufs, ni
miel.
Un
vegan va au delà du simple niveau alimentaire puisqu'il ne consomme
aucun produit d'origine animale (cuir, laine, angora, perle, brosse
en poil de sanglier...) ou testé sur les animaux (cosmétiques,
produits d'entretien, etc).
2.
Voir le guide de Greenpeace sur les poissons en danger,
3.
Voir les documentaires
« Adieu
veau, vache, cochon, couvée »
(https://www.youtube.com/watch?v=T4G2amjXGxU)
et « Elevage intensif, attention danger »
(https://www.youtube.com/watch?v=SQQm2UaKFbI)
Ces deux documentaires ne sont pas sanglants mais plutôt très
explicatifs et à la fois accessibles (tous les 2 sont passés sur de
grandes chaines télévisées donc sont assez grand public.). Si vous
êtes trop sensibles pour voir « Earthling » ou d'autres
vidéos choquantes et gores je vous conseille vraiment de voir ces 2
là qui sont très informatifs et soft.
4. Faut-il devenir végétarien ? Pour la santé et la planète
de Claude Aubert et Nicolas Le Berre, aux éditions Terre vivante.
5. Ibid
6. Ibid
8. Faut-il devenir végétarien ? Pour la santé et la planète
de Claude Aubert et Nicolas Le Berre, aux éditions Terre vivante.
11. Faut-il devenir végétarien ? Pour la santé et la planète
de Claude Aubert et Nicolas Le Berre, aux éditions Terre vivante.