samedi 25 avril 2015

1- Pourquoi devenir végé ?

Je ne suis pas quelqu'un qui agis sur un coup de tête. Avant de prendre une décision je pèse longuement le pour et le contre (trop, vous diront certains, et ils n'ont probablement pas tord :-) ), mais cela me permet d'étudier les différentes possibilités qui s'offrent à moi et la meilleure façon de mettre en œuvre ce à quoi je réfléchi.
C'est ce qui c'est passé avec le végétarisme. J'ai beaucoup étudié la question, j'ai lu des livres, des articles, consulté les données scientifiques à ma portée, pesé le pour et le contre pendant environ trois mois avant de me lancer dans cette nouvelle aventure...
Je voudrais aujourd'hui partager les informations que j'ai apprises avec celles et ceux que ça intéresserait, pour les aider à se rendre compte de ce qu'est le végéta*isme (1) et pourquoi pas l'envisager !
Je réalise donc un grand dossier sur le sujet, et voici le premier article, où je vais tenter de vous expliquer toutes les bonnes raisons qu'on peut trouver pour devenir végéta*ien :


1) Avantages écologiques


(Source : Bloom)

Commençons par le poisson. De nombreuses espèces (80% des poissons selon Greenpeace) souffrent de la sur-pêche, à tel point que certaines espèces sauvages, trop pêchées sont au bord de l'extinction : thon rouge, anguille, cabillaud, flétan, empereur, grenadier, julienne, sébaste, merlu, saumon de l'Atlantique, raie, sabre, turbot, sole... La pêche d'espèce profonde en particulier se fait par chalutage en raclant le fond des océans, dévastant tout le fond marin et attrapant sans distinction de nombreuses espèces. Si vous pensez régler le problème en ne consommant que du poisson d'élevage malheureusement ce n'est pas mieux d'un point de vue environnemental car le poisson aussi est élevé sur un mode intensif. Sachez notamment que de nombreux poissons d'élevages sont nourris de farine animale (oui oui, vous vous souvenez, le truc qui a produit la crise de la vache folle, apparemment ça n'a pas servi de leçon...). (2)

 20% des vaches françaises                                        80% des vaches françaises
(sources images : Pixabay (à droite) et L214 (à gauche))


Concernant la viande, il faut d'abord savoir qu'en France, selon les espèces, 80 à 99% des animaux d'élevages sont élevés sur un mode intensif. C'est à dire que ces animaux ont peu (voir pas) accès à l'extérieur. Ils mangent dans 75% des cas des aliments issus de cultures intensives tel que du maïs et du soja OGM provenant d'Amérique du Nord et du Sud. Dans le dernier cas ces céréales sont cultivés sur des terres issues de la déforestation. Sur place certaines exploitations font jusqu'à 50 000 hectares (soit 5 fois la surface de Paris) en monoculture de soja. La plupart est OGM pour résister aux doses massives de pesticides répandus pour tuer mauvaises herbes et insectes. (3)

Images prises par L214 dans des élevages français (Haute Savoie et fournisseur oeufs Super U)


L'élevage d'animaux pour la consommation humaine produit également énormément de gaz à effet de serre. Entre les méthodes de culture de leur nourriture, sa récolte puis son transport, le gaz produit par les animaux eux mêmes, puis par leur transport jusqu'à l'abattoir, et enfin de l'abattoir au supermarché on arrive à une addition plutôt salée. En effet 8% du total des gaz à effet de serre de la planète sont produits par l'élevage des seuls bovins... Ça veut dire que, sans même parler d'arrêter complétement de manger de la viande, si tout le monde divisait par 2 sa consommation des produits bovins on diminuerait la totalité des émissions de gaz à effet de serre de la planète de 4% ! (4)

En terme de consommation d'eau l'élevage est une catastrophe. En effet, il faut arroser les céréales qui servent à nourrir les animaux d 'élevage, en plus de l'eau consommé par l'animal lui même. J'ai appris lors de mes recherches que quand on mange 150g de steak de bœuf, provenant de l'élevage intensif et nourri au mais irrigué (viande lambda de supermarché, de restauration collective et de fast-food) on consomme indirectement 10 fois plus d'eau que la consommation moyenne d'une famille sur une journée pour TOUS les usages domestiques (consommation directe, cuisson, vaisselle, douche, chasse d'eau...).(5)

Ce que beaucoup de gens ignorent (et moi la première, avant de me renseigner sur le sujet) c'est que les animaux ne produisent pas de protéines : ils les mangent ! Les animaux absorbent les protéines fabriquées par les végétaux (qui les produisent à partir de l'azote venant du sol et du carbone venant de l'air). Du coup, quand on mange de la viande pour avoir un apport en protéines, on consomme en réalité celles que les animaux ont mangé. Or, les animaux ont un rendement assez mauvais en protéines :
-Il faut 2kg de protéines végétales pour produire 1kg de protéines via les volailles
-Il faut 10 à 15kg (!!!) de protéines végétales pour produire 1kg de protéines via les bovins et ovins.
Pour le porc c'est entre les deux, mais plutôt dans la moyenne supérieure.
Donc en terme de rendement par année pour un hectare ça nous fait :
-50kg de protéines animales sous forme de viande
ou
-200kg de protéines animales sous forme de lait
ou
-600 à 700kg de protéines légumineuses ou céréales (ou 1000kg de protéines de soja)
On voit donc que les céréales et légumineuses sont beaucoup plus économiques en ressources. (6)

2) Santé


Tout d'abord il faut savoir que la viande et le lait ont perdu en qualité au fil des années car la majorité de ces produits que nous consommons aujourd'hui provient des animaux d'élevage intensif. Ils consomment principalement des céréales tel que le maïs et le soja OGM, et non de l'herbe comme c'était auparavant le cas. Cette viande est donc moins bonne pour la santé, car moins riche en omégas 3. Sans parler du fait qu'on ne sache pas réellement ce qu'il advient des OGM consommés par l'animal : parviennent-ils jusqu'à nous quand nous consommons des produits d'animaux nourris aux OGM ? Sachant que 90% du lait français est produit par des vaches qui consomment du soja provenant d'Amérique, la question se pose sérieusement. Aucun étiquetage sur le lait ou la viande ne permet de savoir comment sont nourris les vaches. (7)
De plus, les protéines animales sont acidifiantes pour l'organisme, et favorisent donc l'ostéoporose, contrairement aux protéines végétales, car une alimentation à dominante végétale à des propriétés alcalinisantes. Pour simplifier, quand on mange des produits animaux (viandes, poissons, fruits de mer, oeufs et laitages), on acidifie notre organisme. Pour rétablir l'équilibre acido-basique, l'organisme a besoin d'un élément alcalinisant (ou basique). Il « prélève » donc le calcium présent sur les os. C'est ainsi que consommer des produits laitiers pour le calcium qu'ils contiennent afin de lutter contre l'ostéoporose est en fait une mauvaise idée ! (8)
Le lait animal est un aliment qui n'est pas destiné à l'homme. Nous sommes les seuls êtres vivants sur terre à consommer le lait d'une autre espèce et cela ne nous fait pas vraiment du bien ! En effet le lait de vache est destiné au veau, il contient donc des hormones destiné à celui ci, dont des hormones de croissance. Ceux-ci sont mis en cause dans certaines études comme favorisant l'apparition de cancers, ainsi que de nombreuses autres maladies (9). De plus la plupart des humains adultes ne produisent plus de lactases, les enzymes qui permettent de digérer le lait, ce qui provoque divers troubles tels que des problèmes digestifs, cutanés, articulaires ou respiratoires. A titre personnel je peux témoigner que depuis que j'ai quasiment arrêté la consommation des produits laitiers (alors que mon allergologue m'avait testé et que j'étais négative pour cette allergie) mon eczéma et mon acné tardive (apparue vers 18 ans) à quasiment disparue, mes rhinites allergiques aussi (fini le nez qui coule comme une fontaine, les éternuements et les yeux qui piquent au printemps) et mon asthme va mieux.
La viande aussi (en particulier la viande rouge) est fréquemment accusée d'augmenter les risques de cancer et les maladies cardio-vasculaires. (10)
Enfin, concernant le poisson le principal problème est la pollution aux métaux lourds. La pollution marine passe dans les poissons et plus les poissons sont gros (saumon, thon...) plus ils sont « chargés » en métaux lourds car ils absorbent ceux contenus dans les petits poissons qu'ils mangent. (11)
Enfin les végétaux (mangés en plus grandes quantités et surtout avec plus de variété si on retire les éléments animaux de notre alimentation) contiennent de nombreux nutriments favorables non contenus dans les produits animaux : vitamines, antioxydants, fibres, sucres lents, bonnes graisses... Peur des carences ? Je vous invite à lire mon article à venir sur le sujet !

3) Ethique


Si votre soucis, c'est plutôt l'éthique humaine, sachez que le végétalisme et le veganisme pourraient lutter contre la faim dans le monde, selon un rapport de 2011 de l'ONU. Pour plus d'infos concernant ce sujet je vous invite à lire l'article très complet d'Ophélie, du blog Antigone XXI (12)

Je vous passe dans mon article les vidéos d'animaux dans des abattoirs... mais vous vous doutez bien de ce qui s'y passe, non ? Les animaux aussi, vous savez... Souvent ils refusent de sortir du camion (alors qu'ils avaient refusé d'y monter) car ils sentent la peur et la mort. Sans parler des « anesthésies » (on les assomme ou les électrocute) qui ne marchent pas toujours correctement. En France, dans des conditions parfois déplorables (pour le bien être animal, bien moins contrôlé que l'hygiène) environ 1 000 000 000 d'animaux sont abattus chaque années : 917 000 000 de volailles, 25 000 000 de porcs, 5 000 000 de bovins. (13)
Outre le fait de les tuer, la vie des animaux d'élevage avant ça n'est pas rose. Conçu à l'origine pour pallier aux manques de l'après-guerre, les élevages intensifs sont devenus la norme, comme je le disais plus haut. Les animaux sont enfermés, souvent les uns sur les autres, dans des conditions déplorables comme vous l'avez vu plus haut sur les quelques photos.
Je ne vais pas ici mettre en lien une des nombreuses vidéos qui existent sur internet et montrent les conditions d'élevage et d'abattage des animaux, parce que je ne souhaite pas vous faire fuir, mais quelques infos (illustrées) quand même :

-Saviez vous que les poules pondeuses ne sont pas les mêmes que les poules à viandes ? Voilà pourquoi les poussins mâles des élevages de pondeuses sont inutiles, ils ne valent pas le coup d'être nourris jusqu'à l'âge adulte car ils ne rapporteraient rien à la vente. Ainsi, le premier ou deuxième jour de leur vie, les poussins passent sur d'immense tapis roulant où des ouvriers les trient en fonction de leur sexe. Les poussins mâles sont alors broyés vivants ou étouffés. C'est valable pour la plupart des élevages bios ou en pleins airs également.
Tapis menant les poussins mâles au broyeur (Source : L214)

-Malgré le fait qu'elles ne soient pas « conçues » pour ça, les poules pondeuses finissent par être « réformées » car elles pondent moins d'œufs au bout de quelques temps (1 an, voir 2, en général, alors que la poule peut vivre 8 ans) et finissent donc à l'abattoir dans des conditions assez ignobles. (je vous conseille VRAIMENT de lire le très bel article de Ophélie du blog Antigone XXI à ce sujet (14))

-Les poules et poulets d'élevages sont tellement entassés que ça les rends très agressifs envers leurs semblables. C'est pourquoi dès la naissance on pratique sur les poussins l'épointage ou débecquage, c'est à dire qu'on coupe le bout du bec avec une lame chauffée à blanc, et sans anesthésie, bien sûr. Cela évite que les poules adultes ne se blessent, ne se crèvent les yeux voire ne s'entretuent. En effet, les volailles, qui sont en liberté bénéficient normalement d'une alimentation variée comprenant de l'herbe et des insectes en plus des graines. Or en batterie elles manquent de certains nutriments et en arrivent à pratiquer le cannibalisme. Mais l'épointage crée aux oiseaux des difficultés pour manger, ainsi qu'une vulnérabilité importante car le bec est donc ouvert en permanence au bout, laissant entrer poussières et bactéries. Malheureusement, s'il est moins systématique, ce genre de pratique existe aussi en élevage de plein air et bio, car il y est autorisé. (15)

On voit que cette poule a été débecquée, la partie
du haut de son bec est manquante (Source : L214)


-J'ai habité longtemps en Basse-Normandie, entourée de champs remplis de vaches alors j'ai ignoré la vérité pendant presque ¼ de siècle : En France, selon les espèces, 80 à 99% des animaux d'élevages sont élevés sur un mode d'élevage intensif, et par exemple 95% des porcs ne voient pas l'extérieur de toute leur vie (vie qui dure par ailleurs 6 à 8 mois en élevage, alors que les porcs ont une durée de vie de 15 ans) Forcément car aujourd'hui nous produisons 100 fois plus de viande dans le monde que dans les années 50, donc les conditions se dégradent immanquablement.
 

-Les vaches à lait peuvent passer pour plus chanceuses que leurs cousines à viande. Pourtant pour produire du lait une vache doit avoir eu récemment un veau. C'est pourquoi on les maintient dans un cycle constant de gestation et de lactation extrêmement mauvais pour leur santé. Ainsi, au bout d'environ 5 ans (pour rappel une vache laitière a une espérance de vie de 20 ans) les vaches sont « réformées », c'est à dire qu'on les envoie à l'abattoir car elles ne produisent plus assez de lait. Paradoxalement les vaches à lait sont d'ailleurs plus présentes dans notre alimentation que les vaches à viandes, ce sont elles que l'on trouve le plus souvent en supermarché et en restauration rapide. S'ajoute à ça bien sûr le fait que, pour que leur rendement soit au maximum, on leur retire leurs veaux dès leurs naissance pour éviter qu'ils ne boivent le lait. Les mâles sont élevés dans des boxes minuscules et abattus entre 3 et 8 mois pour la viande de veau, tandis que les femelles (élevées dans les mêmes boxes) subiront plus tard le même sort que leurs mères. (16) 

Des veaux élevés en cages, séparés de la vache dès la naissance et bientôt abattus
(Source L214)


Voilà je m'arrête là, j'ai essayé d'être "soft" dans le choix des mots et des images, pas trop culpabilisante en restant réaliste alors j'espère que ce pavé pourra vous faire réfléchir au végéta*isme, ou au moins à diminuer votre consommation de produits animaux, ce qui est déjà, je le souligne, un grand pas ! 
Si vous souhaitez aller plus loin je vous laisse visiter le reste de mon dossier sur le sujet dès qu'il sera paru !

NOTES :
1. Le terme « végéta*isme » est utilisé pour parler à la fois du végétarisme et du végétalisme.
RAPPEL :
Un végétarien ne mange pas de chair animale : ni viande, ni poisson ou crustacés. Je précise car beaucoup de gens pensent que les végétariens ne mangent simplement pas de viande, et certaines personnes se disent mêmes végétariens alors qu'ils mangent encore du poisson.
Un végétalien ne mange aucun produit d'origine animale donc pas de viande, ni poisson, ni crustacés, ni produits laitiers, ni œufs, ni miel.
Un vegan va au delà du simple niveau alimentaire puisqu'il ne consomme aucun produit d'origine animale (cuir, laine, angora, perle, brosse en poil de sanglier...) ou testé sur les animaux (cosmétiques, produits d'entretien, etc).
2. Voir le guide de Greenpeace sur les poissons en danger,
3. Voir les documentaires « Adieu veau, vache, cochon, couvée » (https://www.youtube.com/watch?v=T4G2amjXGxU) et « Elevage intensif, attention danger » (https://www.youtube.com/watch?v=SQQm2UaKFbI) Ces deux documentaires ne sont pas sanglants mais plutôt très explicatifs et à la fois accessibles (tous les 2 sont passés sur de grandes chaines télévisées donc sont assez grand public.). Si vous êtes trop sensibles pour voir « Earthling » ou d'autres vidéos choquantes et gores je vous conseille vraiment de voir ces 2 là qui sont très informatifs et soft.
4. Faut-il devenir végétarien ? Pour la santé et la planète de Claude Aubert et Nicolas Le Berre, aux éditions Terre vivante.
5. Ibid
6. Ibid
7. Voir « Elevage intensif, attention danger » (https://www.youtube.com/watch?v=SQQm2UaKFbI)
8. Faut-il devenir végétarien ? Pour la santé et la planète de Claude Aubert et Nicolas Le Berre, aux éditions Terre vivante.
10. Voici une étude en anglais à ce sujet : http://archinte.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=414881)
11. Faut-il devenir végétarien ? Pour la santé et la planète de Claude Aubert et Nicolas Le Berre, aux éditions Terre vivante.
13. Au sujet des conditions d'abattage je vous conseille vivement de lire ce témoignage d'une inspectrice ayant travaillé en abattoir (sauf l'image d'intro qui est de toute façon non sanglante il n'y a aucune photo) http://pitiemangemoipas.com/dans-le-couloir-de-la-mort-temoignage-dune-ex-inspectrice-dabattoir/
16.Voir les documentaires « Adieu veau, vache, cochon, couvée » (https://www.youtube.com/watch?v=T4G2amjXGxU) et « Elevage intensif, attention danger » (https://www.youtube.com/watch?v=SQQm2UaKFbI)